Double amnésie
Je remercie Marabout collection Black Lab pour l'envoi de ce nouveau titre.
Céline Denjean
Pourquoi Manon, jeune mère et soeur jumelle de la gendarme Eloïse est-elle harcelée par un individu qui lui reproche le pire des crimes ? Lorsque Manon est arrêtée, accusée d'infanticide, Eloïse reprend l'enquête aidée par la journaliste Amanda, car Manon maintient n'avoir aucun souvenir du crime dont on l'accuse. Eloïse qui vient de perdre tragiquement l'homme qu'elle aime est confrontée à son histoire familiale et à celle de sa jumelle perturbée dont le chemin a croisé, pour le pire, celui des Le Guen ...
« Le jeu de piste ne fait que commencer mais sache qu'il te réserve plein de (mauvaises) surprises... »
Troisième opus qui fait suite à « La fille de Kali » et « Le cheptel », Céline Denjean nous embarque dans une enquête beaucoup plus intimiste, où l’on retrouve son personnage récurrent la capitaine Eloïse Bouquet. Appelée à l’aide par sa jumelle Manon qui subit depuis quelques temps, menaces et intimidations. Eloïse va mener une contre enquête non officielle, alors qu’elle se remet à peine de sa terrible perte. Une partie de l’histoire est centrée autour de la famille Le Guen dont la mère Abby consomme alcool et médoc, va elle aussi être la victime d’un « corbeau »manipulateur se faisant appelé l’Œil. Un troisième volet très différent des deux premiers, Le cheptel étant selon moi le plus aboutit. Ici la construction de l’intrigue part du précepte que le lecteur connait l’identité de l’Œil, du coup on y perd en suspense mais on y gagne en compréhension. C’est plutôt sur le côté psychologie des personnages que cela va se jouer et là j’y ai trouvé mon compte sur le thème de la gémellité qui exploite très bien les rivalités et jalousies entre frères et sœurs. Le personnage de l’Œil est particulièrement bien dressé et le voir évoluer dans son plan machiavélique était jubilatoire. Quand à la famille Le Guen a elle seule, elle représente l’archétype de la famille française à qui tout réussit mais qui cache de lourds et menaçants secrets. L’auteur nous distribue les éléments un par un mais dans le désordre, d’ailleurs sa métaphore avec le jeu de Meccano est bien trouvée. Il va falloir retrouver la place de chacun des éléments, la bonne façon de les assembler afin de voir se dessiner la vérité. Alors même si assez rapidement j’ai compris les tenants et les aboutissants de l’intrigue, cela ne m’a pas empêché de rester admirative devant l’écriture dynamique et inventive de l’auteure et son savoir faire dans les retournements de situation au point où tu as besoin de retourner lire les pages en amont pour savoir si c’est toi qui a mal interpréter ou quoi. Alors chapeau pour ce thriller hautement psychologique et que j’ai grandement apprécié. Bonne lecture.
Je me regarde rapidement dans le miroir. Ça ne sert à rien, vu que je vais encore devoir être invisible. Mais bon, être invisible, ça a ses avantages. Comme mater, par exemple. J’aime bien me glisser dans la forêt qui sépare notre baraque minable du manoir des Le Guen.
« -Vous avez déjà joué au Meccano, le jeu de construction ?
-Oui, évidemment. Et ?
-Donc vous avez déjà ouvert une boîte de ce jeu. Vis, pattes en fer percées, roues…. tous ces éléments sont en vrac au fond du carton et ça ne ressemble qu'à un vague amas de ferraille. Pourtant en assemblant les éléments de la bonne manière et dans le bon ordre, on construit la tour Eiffel, un camion, une voiture… En fait, c'est exactement ce qu'on est en train de faire avec nos deux affaires