Les Soeurs du mal
Je remercie les Editions Hauteville pour l'envoi de ce nouveau titre de leur collection Suspense.
Alice Clark-Platts
« Leur maison avait été recouverte d'insultes, leur boîte aux lettres recouverte d'excréments. On avait envoyé un cocktail Molotov contre leur porte d'entrée. Les lettres de menaces s'étaient multipliées. Une fois le procès terminé, la police leur avait conseillé de déménager et de changer d'identité. Si elles venaient à être démasquées, on leur ferait du mal. »
1997, dans une petite ville d'Angleterre. Une fillette est sauvagement assassinée après avoir été torturée par Lila et Rose Bowman, respectivement âgée de dix et six ans. L'affaire défraye la chronique et les deux soeurs la une de la presse à scandale. Si Lila est jugée coupable de meurtre, Rose, trop jeune pour répondre de ses actes, est remise en liberté sous une autre identité.
Près de vingt ans plus tard, alors que Lila est toujours derrière les barreaux, sa soeur passe des vacances dans le Devon avec son compagnon. Quand une fillette disparaît de l'hôtel où elle réside, elle redoute que sa véritable identité soit révélée, car elle risque fort de devenir le suspect numéro un...
Ma chronique :
La presse à scandale s’empare d’un horrible fait divers. En Angleterre, en 1997 deux sœurs Lila 10 ans et Rose 6 ans enlèvent et tuent une petite fille de 2 ans. Pourtant seule Lila est jugée et condamnée, Rose étant trop jeune pour être jugée. Rose doit changer d’identité et mène une vie normale. Lorsque 20 ans plus tard, une fillette disparaît Rose ne peut s’empêcher de craindre que son passé remonte à la surface et ne fasse d’elle la parfaite coupable. Préparez-vous à vivre un thriller psychologique d’une belle densité qu’autant plus qu’il n’est pas sans rappeler une histoire vraie, celle du petit James Bulger. J’ai apprécié la façon dont est construite la narration avec une double temporalité du présent au retour en 1997 pour en apprendre plus sur l’enfance des deux petites filles dont on se doute qu’il y a certainement un clé à découvrir. Revivre cette journée effroyable qui marque la fin de la vie de cette petite fille mais aussi la fin de la vie telle qu’elle était pour les deux sœurs, était éprouvant. C’est rythmé et nous prend au cœur, rapidement j’étais scotchée au livre. Je voulais en savoir plus et tenter de comprendre. La lecture n’est pas confortable et reste glaçante, la personnalité des deux sœurs est spéciale et pose des questions essentielles comme à quel âge est-on responsable de ses actes ? Ou encore des réflexions sur la justice rendue lors du procès et la justice du peuple et ses dérives. On va ainsi suivre les différents points de vue des personnages et commencer à relier les pièces du puzzle, alors même si j’ai senti venir les choses et ai regretté quelques invraisemblances, j’ai apprécié les révélations, la montée en tension parfaitement gérée et le final renversant. Bonne lecture.
Citation :
Ce regard.
Le regard que la policière lui a lancé juste avant de tourner les talons. C’est un regard qui renvoie Hazel vers un passé lointain, sur le chemin longeant le canal.
Et soudain, c’est comme si un abîme s’ouvrait sous ses pieds, comme si tous les beaux rêves qu’elle avait bâtis au fils du temps -avec Johnny, son travail, ses collègues - s’apprêtaient à partir en fumée. De la même manière que les bateaux pirates échoués contre les rochers au bas du promontoire où se dresse l’hôtel, ses trésors seront découverts, dispersés, pillés … Et ensuite une tempête de calomnies se déchaînera.