Lettres à l'assassin de ma fille
Je remercie les Editions Stéphane Marsan pour cette nouvelle lecture.
Cath Staincliffe
Cath Staincliffe est romancière et scénariste. Son oeuvre a été récompensée par de nombreux prix littéraires. Elle est née à Bradford au Royaume-Uni, et vit à Manchester avec sa famille.
Ruth vit seule à Manchester, non loin de chez sa fille Lizzie, son mari Jack et leur fille Florence, âgée de 4 ans. Elle est divorcée de son ancien mari Tony et travaille dans une bibliothèque. Un jour de septembre 2009, Jack l'appelle pour lui annoncer qu'il vient de trouver Lizzie, assassinée, dans leur salon. Le monde de Ruth s'écroule. Quatre ans après l'assassinat brutal de sa fille, Ruth décide d'écrire à son meurtrier pour atténuer sa haine, reconstituer les événements et retrouver la vie qu'il lui a volé en prenant celle de sa fille.
Ma chronique :
Gros coup de cœur pour ce roman intimiste et qui met en avant la voix d’une mère dévastée par le meurtre de sa fille et son long chemin vers l’apaisement. Un sujet très fort qui ne peut que venir nous remuer émotionnellement. En utilisant le « tu », nous découvrirons tout d’abord les lettres que Ruth Sutton écrit à l’homme qui, elle en est convaincue a tué sa fille Lizzie dans des conditions violentes et à fait de sa petite fille Florence une orpheline. Il s’est écoulé quatre ans mais pour Ruth la colère, le chagrin et la douleur liées à la perte de sa fille n’en finissent pas de grandir en elle et de l’empêcher de vivre. Ce livre nous confronte à l’une des choses les plus difficiles à vivre : la perte de son enfant. En lisant les lettres que Ruth écrit à l’assassin, on découvre la profondeur de cette plaie béante. Les thèmes abordés sont multiples, crime violent, désir de vengeance, deuil, justice, vérité, pardon. De quoi faire un véritable travail sur elle-même sur son ressenti et comment vivre cet « après » alors que l’on est encore rongé par le manque et la haine. De là a pardonner il y a encore un pas à franchir pour Ruth. On va suivre ainsi tout le déroulement médiatique, juridique de ce qui devient au fil des années un fait divers presque banal. L’auteur se met dans la peau de cette « grand-mère » pour explorer les étapes du deuil et ses écueils. Le choix de sujet est complètement dans l’actualité et les victimes ne cessent d’augmenter les statistiques des violences faites aux femmes. Le style de l’auteure reste empreint de gravité et d’émotions à fleur de peau. C’est à la fois terrible et beau, tout cet amour d’une mère qui fait défiler les souvenirs de sa fille enfant, la culpabilité qui est latente et le désir de se reconstruire. Un roman lumineux qui se lit quasiment d’une traite tant le style est harmonieux tout en explorant le côté dramatique de cette histoire qui n’arrive pas qu’aux autres. Bonne lecture.
Citation :
Je te hais. Voici ma première lettre, et c'est tout ce que je veux te dire. Je te hais. Ma rage et mon désir de vengeance ne se sont pas atténués, bien au contraire. Le temps ne les a pas guéris, il a soufflé sur les braises.