Joueuse
Je remercie les Editions Equinox Les Arènes pour l'envoi de ce livre.
Né en 1976, Benoît Philippon est scénariste et réalisateur pour le cinéma. Après Cabossé (la Série Noire, Gallimard) et Mamie Luger (EquinoX), Joueuse est son troisième roman.
Maxine est une tornade qui défie le monde si masculin des joueurs de poker. Elle est bien décidée à régler ses comptes, coûte que coûte.
Joueuse est une partie de poker virtuose où chacun mise sa vie. Un nouveau livre jubilatoire, teigneux, drôle et renversant, de Benoît Philippon, l’auteur du best-seller Mamie Luger, qui décidément aime les héroïnes qui n’ont pas froid aux yeux.
Ma chronique :
C’est toujours un plaisir que de retrouver la plume acérée de Benoît Philippon. J’avais déjà craqué sur sa Mamie Luger mais aujourd’hui il nous propose un portrait féminin plus jeune et beaucoup plus trash. Celui de Maxine qui combat ses douleurs à coup de cutter et à coup de poker. Face à elle, un duo d’amis d’enfance Baloo le grand noir costaud et Zack le beau gosse pour qui la vie se résume aux tournois de poker professionnel ou non qu’il gagne en général. L’exploration des blessures d’enfances que l’on se trimbale encore à l’âge adulte, nous donne un aperçu du combat de ces trois personnages sans oublier un petit joker. Jean à peine 6 ans et déjà un QI qui dépasse tout le monde. Joueuse ne se lit pas, elle se dévore, on découvre de quoi sont fait les personnages. Ils sont multiples et denses de quoi les apprécier et s’y attacher. Une ambiance à couper au couteau, une vengeance dont on subodore qu’elle sera terrible. Une Maxine, féminine qui fait tourner la tête à tous ceux qu’elle croise. Une Maxine féministe qui ne supporte pas le machisme des hommes et leurs écarts libidineux. Une partie de poker qui nous emporte dans les méandres des bas fonds, pour mieux faire table rase. C’est caustique, cela ne s’embarrasse pas de politesse mais vous prend aux tripes et vous retourne aussi facilement qu’une crêpe. Un style d’écriture qui fait mouche avec des touches d’humour qui viennent éclairer un univers bien sombre. J’ai personnellement adoré tous les passages avec le petit Jean qui m’a conquise dès le premier instant. Un règlement de compte qui demande du courage mais dont on comprend qu’il est essentiel à la survie. Et que dire de la couverture qui est juste sublime à la hauteur de Maxine, froide coupante et surtout déterminée. Bonne lecture.
Citation :
Tu sais, faut pas être méprisant avec les gens moins intelligents que toi. Maria, c'est pas un prix Nobel de physique, mais elle est généreuse. Faut que tu te méfies. Tu rencontreras des personnes avec qui tu pourras parler atome toute la nuit mais au petit matin, tu réaliseras qu'il y a pas plus seul que toi au monde. Alors qu'un sourire de Maria, et t'arrêtes de te poser des questions et... des fois... c'est bon de pas se poser de questions...
Certaines batailles tracent leur histoire sur la peau, d'autres sous les chairs. Ces blessures, on peut choisir de les appréhender de deux façons radicalement différentes : geindre dans la boue en espérant susciter la compassion d'une âme miséricordieuse, ou en arborer les cicatrices comme des trophées, témoignages de combats menés dont on est ressorti, abîmé certes, mais victorieux.