Qu'ils brûlent
Je remercie les Editions Fayard pour l'envoi de cette nouvelle lecture.
Traduit de l'anglais (Australie) par Pierre Reignier
Chris Hammer
Présentation de l'éditeur :
Cinq balles mortelles. Un acte effroyable. Plusieurs vérités.
À Riversend, une petite ville de l’Australie rurale terrassée par la sécheresse, un jeune pasteur charismatique et dévoué ouvre le feu sur ses paroissiens. Il tue cinq d’entre eux avant d’être abattu à son tour. Un an plus tard, Martin Scarsden arrive à Riversend, chargé d’écrire un article sur l’état d’esprit de ses derniers habitants à l’approche du premier anniversaire de l’horrible tragédie. Pour quelle raison le pasteur a-t-il eu cet accès de folie meurtrière ? Quel est le lien avec l’assassinat de deux touristes allemandes retrouvées au fond d’un réservoir des Brousses – une vaste zone de terres incultivables située au nord de la ville ?
Poursuivi par ses propres démons d’ancien correspondant de guerre, Martin se retrouve malgré lui mêlé à une enquête et une tempête médiatique sans précédent.
Un prologue qui vous accroche et vous met KO dès le départ c’est ainsi que l’auteur a choisi de nous présenter la petite bourgade australienne de Riversend où un jeune prêtre aimé de tous va vider le chargeur de son fusil tuant cinq membres de sa paroisse. Une scène traumatisante, sans qu’aucune explication ne l’accompagne, qui se conclu par la mort du pasteur sous les balles de la police. Martin Scarden, journaliste est missionné pour écrire un article sur la situation un an après. Auprès de la population Martin va recueillir des témoignages qui dressent une image bien différente de celle donnée par son journal au moment des faits. Martin est un personnage tourmenté, ancien correspondant de guerre, il va devoir faire face aux conséquences inattendues de son enquête. Un thriller captivant avec une ambiance forte d’arrière pays brulé par le soleil, la sécheresse ravageant cultures et élevages, qui n’est pas sans rappeler le « Canicule » de Jane Harper. Les descriptions de ce village rural en pleine crise sont excellentes. J’ai beaucoup aimé le personnage déjanté du vieux Codger, celui de la belle Mandalay Blonde qui tient le café/bibliothèque du coin. Les explications du drame se construisent petit à petit donnant une intensité à l’intrigue et nous laissant souvent en apnée. Pourtant j’ai était dérangée par les constantes répétitions des scénarios imaginés par Martin, une fois m’aurait amplement suffit. Mis à part ce bémol, j’ai apprécié cette lecture chaude comme la braise, à l’intrigue complexe, qui a su m’embarquer. Au-delà du côté thriller, j’ai trouvé dans ce roman un beau travail sur le métier de journaliste, sur ce que l’on peut dire ou non, sur le fait de ne pas dévoiler ses sources, sur cette profession tant décriée et sur ce que peut générer une tempête médiatique de forte magnitude. Je ne peux que vous conseiller de le glisser dans votre valise pour les vacances. Bonne lecture.
Smith parle sans s’interrompre pendant dix bonnes minutes. Pour lui promettre beaucoup d’argent et beaucoup de tout le reste aussi : reconnaissance et salut de son âme, prix de journalisme et littéraires, prestige et célébrité, royalties, droits de diffusion et groupies. La totale. Il débite si vite son laïus, et avec tant de ferveur, qu’il ne semble reprendre son souffle à aucun moment, comme un joueur de didgeridoo en respiration continue.