Le rouge et le brun
Je remercie les Editions Jigal Polar pour l'envoi de ce SP.
Maurice Attia
Psychanalyste, psychiatre, scénariste et cinéaste, il est l'auteur de plusieurs romans noirs remarqués. À l'instar de James Ellroy, Maurice Attia livre des trilogies, situe ses actions dans le passé, et nous refourgue ses personnages de roman en roman, les intrigues des uns servant de passerelles aux intrigues des autres. Bien lui en prend d'ailleurs car il est en train de composer une œuvre très intéressante, qui tient la route ! K-Libre.
Après La Blanche Caraïbe, Maurice Attia nous revient ici avec LE ROUGE ET LE BRUN, un étrange roman très engagé dans lequel nous retrouvons avec plaisir les aventures de Paco et d’Irène dans un tout autre univers. Paco, toujours journaliste, part en Italie pour un reportage sur les traces d’Aldo Moro et nous fait revivre avec beaucoup de recul et de lucidité ses derniers instants… Irène, elle, traque les souvenirs d’une autre période douloureuse, à Paris cette fois. Entre Irène et Paco, s’engage alors une sorte de duel dramatique en lien avec ces deux tragédies.
Ma chronique :
Un formidable roman, un polar historique comme on en rencontre trop peu. Paco Martinez ancien flic devenu journaliste, part en Italie à la suite de l’enlèvement d’Aldo Moro par les Brigades rouges, nous sommes en 1978. Le président du parti de la Démocratie Chrétienne sera exécuté 55 jours plus tard alors qu’aucun accord n’a été trouvé pour le sauver. C’est toute cette histoire que l’auteur en s’appuyant sur des faits historiques réels nous relate par le biais de son personnage central avec beaucoup de pudeur et une certaine émotion. On retrouve notamment des écrits d’Aldo Moro pendant sa captativité en italique dans le texte, bouleversants. Cette escapade italienne aura des retentissements que l’on n’attendait pas. Une autre partie du roman concerne l’histoire familiale d’Irène, la femme de Paco. Cette histoire nous emmène dans le Paris de 1899 au temps de l’affaire Dreyfus qui a vu la France divisée par l’affaire Dreyfus. Dans le local du Grand occident de France, siège du journal L’antijuif, où se sont regroupés les disciples de Jules Guérin poursuivit pour complot contre la sureté de l’Etat. Une belle idée exploitée avec brio. Partir de faits historiques et rejouer les scènes selon sa propre imagination, en y intégrant ses propres personnages, tout en restant crédible c’est un challenge réussi. Une histoire qui tourne aussi autour des femmes qui traversent la vie de Paco, tout d’abord sa femme Irène mais aussi la belle Léa qu’il rencontre en Italie. Enfin une autre époque, celles des années soixante-dix, dans laquelle on replonge avec délice. Alors certes l’intrigue policière arrive un peu en dessous du côté historique et les puristes pourront ne pas accrocher. Ce n’est pas mon cas, je me suis laissée prendre par les remous de l’histoire, qu’ils soient carrément nauséabonds, antisémites et antimaçonniques ou par cette mouvance droite - gauche des partis politiques où l’on peut encore mourir pour des idées. Bonne lecture.
Citation :
L’adultère était un métier ! Un métier pour lequel je n’étais pas doué…