Pour seul pardon
Je remercie les Editions Jigal Polar pour l'envoi de ce SP.
Thierry Brun
Ma chronique :
Ancien combattant à Sarajevo, ex-taulard, Thomas Asano tente un retour à la normal dans un coin perdu des Vosges. Il a un toit, un travail et la volonté de se faire le plus discret possible, fini la violence, sa conditionnelle n’y résisterai pas. Thomas bosse dur, il chasse aussi, il reste un excellent tireur. Thomas garde son amour disparu dans son cœur et dans sa tête toujours, à chaque instant elle peut lui apparaître même si aujourd’hui Elise, la fille de son patron, lui donne du plaisir. Son patron c’est le vieux con, qui n’arrête pas d’écraser le monde sous son talon. Le jour où il se retrouve avec une cargaison de cocaïne ne lui appartenant pas, Thomas répondra présent car il sait parfaitement de quelles façons tout peut dégénérer. Le passé de Thomas refait surface et il réendosse bien malgré les attributs du guerrier avec une facilité déconcertante.
Un texte rude, masculin qui nous parle des blessures de l’âme, de la culpabilité qui pourrit la vie. Thomas est parfaitement adapté à son milieu, la forêt, les animaux, le maniement des armes et la stratégie qui va avec. Le récit bascule dans la violence et Thomas n’a pas d’autre choix que d’y répondre pour sauver Elise. Ce texte n’est pas s’en rappeler celui de David Morell dans First Blood. Lorsque l’on subit, lorsque l’on n’est plus maître de sa destinée mais que le doigt dans l’engrenage vous avale tout entier.
Un roman noir, qui se déroule en pleine nature, pendant l’hiver dans le froid et l’humidité, le cadre donne aussi ce sentiment de solitude et de réclusion. Bien vite on appréhendera les autres comme une intrusion dans le monde de Thomas. L’auteur nous livre par touche tous les éléments dont nous avons besoin pour mieux cerner la personnalité attachante de son héros. On est vite happé par ce superbe récit. Bonne lecture.
Citations :
À mi-novembre, le froid avait définitivement chassé l’été depuis quelques semaines. L’index sur la queue de détente, la joue frôlant la crosse, l’œil bien ouvert, Thomas Asano avança d’un pas en visualisant la balle qui serait dans quelques secondes propulsée par l’explosion.
Les premières années, il avait refusé toutes les aides, les visiteurs, les curés, tous ces trucs sociaux qu’on lui proposait. Il fuyait le genre de mecs comme Fabre, pas méchant – encore que –, mais insupportables de fausse gentillesse et de bonnes manières. À l’époque, il n’imaginait pas trouver sa place s’il acceptait leurs règles. Il redoutait de s’y perdre. Après une interminable traversée, il n’était pas simple de descendre du bateau pour poser le pied sur un nouveau monde, sous un nouveau ciel.